Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 5 septembre 2010

Take A Girl Like You - Jonathan Miller (1969)

Jenny Bunn (Hayley Mills) est une ravissante jeune femme ayant fraichement quitté son nord de l'Angleterre natal pour poursuivre sa carrière d'institutrice. Rapidement courtisée par les mâles les plus attirants du coin, elle jette son dévolu sur le séducteur Patrick Wilson (Oliver Reed). Seulement Jenny a un secret, elle est toujours vierge.

Take a girl like you est un bel instantané de l'Angleterre à l'heure de la libération sexuelle et des différents comportements qu'elle engendre. Les hommes, décrit comme de véritables prédateurs voient leur terrain de jeu élargi et les risques annexes s’amenuiser avec l’arrivée de la pilule. Les femmes peuvent plus ouvertement assumer une logique similaire et enchaîner les conquêtes d'un soir, délestée des entraves de la morale, mais pour d'autres comme l'héroïne Jenny (Hayley Mills) ce sexe étalé au grand jour est encore source de mystère et de frayeur. Le scénario (adapté d'un roman de Kingsley Amis dont on reconnaît bien la facette ironique) se garde bien de donner un jugement hâtif à chacun de ses comportements et montre les avantages et travers de chaque facette. 

Ce sera le plaisir de l'instant mais également une certaine vacuité quand les sentiments s'en mêlent du côté du dragueur Oliver Reed. Pour Hayley Mills c'est à l’inverse une sacralisation de l'acte qui confine à la peur et au manque de prise de risque, puisque la mise en scène souligne le désir et l’intérêt de Jenny pour le sexe, les barrières étant uniquement psychologiques. D'un autre côté la romance entre Jenny et Patrick naît de ce refus initial, les contours d’une séduction factice (le dîner aux chandelle cliché et les boniments de Reed) en forme de raccourci pour la chambre à coucher n’ayant pas fonctionné. Le coureur se voit donc pour la première fois obligé de faire réellement connaissance, fréquenter et finalement tomber amoureux, au point de rester indifférent aux filles « faciles » habituelles. Le film ne se veut pas moralisateur à la manière de plusieurs œuvres anglaises des sixties qui sous la provocation remettaient en cause le nouvel ordre hédoniste de la jeunesse du Swinging London – The Party’s over de Guy Hamilton (1965), en partie le Darling de John Schlesinger (1965), The Pleasure Girls de Gerry O’Hara (1965) – mais questionne directement les conséquences de cette liberté sur les relations amoureuses.

Jonathan Miller réalise là un film attachant dont l'ambiance sixties dégage un charme certain à travers la bande-son (dont un fabuleux morceau du groupe The Foundations qui donne son titre au film et que l’on entend lors des premières et dernières scènes), aux ravissantes tenues d'Hayley Mills et du reste du casting féminin. D'ailleurs le pas qu'a à franchir son personnage est à mettre en parallèle à celui qu'Hayley Mills faisait dans la réalité en sortant des rôles de starlettes Disney (qui lui refusa par exemple de postuler au Lolita de Stanley Kubrick pour raison morale) qui la firent et entrer dans l’âge adulte avec un vrai rôle de jeune femme de son temps. Ma mue serait complète l’année suivante à l’écran avec l’excellent The Family Way de Roy Boulting, et en coulisse quand elle épouserait le réalisateur de trente ans son aîné pour un scandale qui enterrerait pour de bon la fillette Disney. Oliver Reed est formidable en séducteur rustre dépassé, son physique d’ours et ses traits encore juvénile (que les excès alcoolisés se chargeront d’effacer) jouant sur la facette attirance/répulsion qu’il provoque chez les jeunes femmes – un trait exploité dans d’autres de ses rôles de l’époque dont The Party’s Over évoqué plus haut, Les Damnés de Joseph Losey (1962).

L'alchimie entre lui et Hayley Mills (ravissante de candeur de bout en bout) offre de très beaux moments faisant constamment osciller le film entre cynisme et romantisme sincère. C'est d'ailleurs dans cet entre-deux que nous laisse la conclusion surprenante et pas loin d'inverser le rapport de force, une superbe audace qui laisse une chance aux deux tourtereaux malgré tout. Le roman de Kingsley Amis sera adapté une seconde fois en 2000 à la télévision pour la BBC avec Sienna Guillory en Jenny Bunn, d’ailleurs l’histoire possède encore le potentiel pour une nouvelle relecture moderne.

Sorti en dvd zone 2 anglais chez Sony et doté de sous titre anglais et en bluray anglais sous-titré anglais chez Indicator


2 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cet article sur un film dont je n'avais jamais entendu parler et que je viens de commander. Mills et Reed ensemble, ça doit faire des étincelles. Pour la petite histoire, la jeune Haley Mills décida l'année suivante de vraiment sortir de son image disneyenne en épousant le réalisateur Roy Boulting (il l'avait dirigée dans "The Family Way", autre film passionnant), de 33 ans de plus âgé qu'elle. Le scandale en Angleterre fut tonitruant...

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  2. Content de t'avoir donné envie (et tu as éveillé ma curiosité pour "The Family Way")c'est dommage en regardant sa filmo j'ai l'impression qu'elle n'a pas totalement eu la carrière qu'elle méritait Hayley Mills (beaucoup de série tv comme "La Croisière s'amuse" ou "Arabesque"). Elle dégage beaucoup de sympathie et de fraîcheur dans "Take a girl like you". Je l'aimais bien aussi dans le Disney "L'Espion aux pattes de velours".

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