Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 15 novembre 2010

Cléopâtre - Cleopatra, Cecil B. DeMille (1934)


Ce film met l'accent sur la vie amoureuse de Cléopâtre , qui aima d'abord Jules César, puis Marc Antoine. Elle se suicida après la conquête de l'Égypte par Octave.Avant la fameuse version de Mankiewicz il y eut donc cette précédente tentative hollywoodienne signé DeMille. Exit la profondeur psychologique, la rigueur historique et le spectaculaire, ce n'est pas ce qui intéresse DeMille ici. Bien que respectant relativement bien la trame historique et étant construit sur la même intrigue que la version Mankiewicz (prévu au départ comme un pur remake du film de DeMille) le traitement est très étonnant.

Tout comme l'extravagant Le Signe de la Croix (déjà évoqué sur le blog) le film semble avoir été réalisé peu avant (où simultanément à) l'instauration du code Hays car on y retrouve le même sens de l'excès (un peu plus symbolique mais tout à fait explicite) avec une atmosphère qui transpire la luxure. Claudette Colbert apporte une interprétation bien différente de la déité vivante qu'incarnera Elizabeth Taylor, jouant avant tout sur son charme naturel et sa sensualité. Poses aguicheuses en pagaille, pagne moulant, tenue largement dénudées et regard coquin c'est un véritable festival dans la lignée de son rôle fameux du Signe de la Croix. Une nouvelle fois, DeMille s'abandonne à de purs moments équivoques et osés qui laissent pantois.

On retiendra plus particulièrement la scène de séduction entre Cléopâtre et Marc Antoine truffé de passages troublants. Le spectacle offert par Cléopâtre en l'honneur de son hôte romain propose donc des femmes panthères qui se font fouetter avec plaisir par des hommes à l'accoutrement limite SM ou encore une pêche en mer dont les filets contiennent des jeunes filles dénudées les membres entremêlés et aux postures lascive. Ce n'est cependant rien à côté de la scène de sexe entre Cléopâtre et Marc Antoine dissimulée par un rideau mais mais dont les vas et vient sont rendus par les mouvements des galériens sur le bateau et l'orgasme libérateur par des danseuses lançant des paillettes après quelques minutes. On retrouve comme souvent ce paradoxe de Cecil B. DeMille chrétien affiché mais doté d'un incroyable talent (et d'un plaisir certain) pour retranscrire les atmosphères païennes, même si on atteint pas ici les sommets du Signe de la Croix (ce qu'on pouvait attendre puisqu'il n'est pas question de récit religieux ici).

On l'aura compris ce traitement tout particulier détourne quelque peu l'attention de l'intrigue principale qui est pourtant bien menée. A la différence de Mankiewicz l'histoire d'amour César/Cléopâtre est assez expédiée et sert uniquement à montrer les talents de charmeuse et de manipulatrice de Cléopâtre, César n'étant jamais totalement dupe non plus et se servant d'elle pour affermir sa soif de pouvoir. On est loin de la chaleureuse relation Rex Harrison/Liz Taylor de la version Mankiewicz ou de celle mentor/élève de la plus méconnue version anglaise de 1945 entre Claude Rains et Vivian Leigh (dont a parlé ici en juillet).

La romance entre Cléopâtre et Marc Antoine (Henry Wilcoxon moins convaincant qu'un Richard Buton bien plus tard) est bien plus approfondie, ce dernier étant décrit comme un gros rustre irréfléchi et machiste rendu totalement docile par son amour pour la reine d'Egypte qui touchée par sa maladresse succombe aussi. Le traitement plus simple que chez Mankiewicz, moins littéraire et plus direct fonctionne pourtant parfaitement. DeMille ne 's'embarasse guère de l'attirail géopolitique et historique et privilégie de rester au plus près de ces personnages sans qu'on ose y voir un film intimiste tout de même puisque le sens du gigantisme, les composition de plan splendide et plus globalement la maestria visuelle du réalisateur est au rendez vous (dont une belle photo de Milner collaborateur régulier).

L'émotion a enfin sa place lors de la bataille finale dotée d'une belle intensité (et on ne se refait pas d'une violence fort marquée encore) le destin dramatique du couple s'avérant vraiment poignant tel cette fabuleuse dernière scène des Romains pénétrant dans le palais de Cléopâtre agonisante. Une réussite bien que les amusants dérapages du réalisateur s'incorporent moins à l'ensemble que dans d'autres de ses péplums.

Sorti en dvd zone français chez Universal mais une nouvelle fois le coffret zone 1 doté de bonus et comportant d'autres fims majeurs de Demille est recommandé d'autant qu'il se trouve pour bien moins cher désormais.

2 commentaires:

  1. J'ai le coffret, mais point de bonus à l'horizon. par contre, Cleopatra est sorti seul en une édition spéciale 2DVD.
    Je suis peut-être un peu plus partagé sur ce film...

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  2. J'ai cette édition 2dvd je pensais qu'on retrouvait les même bonus dans le coffret. Ce n'est pas mon préféré non plus mais ça offre un beau contrepoint dans sa légèreté à la version Mankiewicz grâce au idées un peu folle. Après en péplum excessif de DeMille "Le Signe de la Croix" demeure intouchable il faut le voir pour le croire...

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