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samedi 26 mars 2011

Convoi de femmes - Westward the Women, William A. Wellman (1951)


En 1851, l'éleveur de bétail Roy Whitman, propriétaire d'un ranch en Californie, décide d'aller à Chicago "recruter" les femmes qui manquent à son domaine, pour ses hommes. Son contremaître Buck Wyatt l'accompagne. Le convoi féminin entame la longue route du retour, semée d'embûches. Pour commencer, les hommes recrutés par Buck à Chicago, pour mener le convoi, s'enfuient bientôt avec quelques-unes des femmes, obligeant celles restées à prendre en main leur voyage, sous la conduite à contre-cœur du contremaître...

Avec ce Westward the Women, Wellman signait une des plus belle et originale épopée du western classique, et sans doute celle où ses penchants féministe se ressentent le plus. L'argument de départ qui voit des femmes "recrutées" pour servir d'épouse à de rudes travailleurs de l'Ouest pourrait au premier abord sembler bien machiste au spectateur moderne (surtout au vue des premières séquences où les rustres pionniers s'avèrent particulièrement excités par l'arrivée prochaine des femmes). C'est bien sûr sans compter la profonde thématique du film, l'Ouest et plus globalement l'Amérique comme lieu de tout les possibles, des nouveaux départs et de la seconde chance. Pour accepter pareil périple, ces femmes ne sont pas des jeunes filles en fleur mais des être qui ont vécus, souffert et pour qui cette opportunité représente une sorte de dernière chance.

Cet aspect se manifestera au détour du portrait de quelques unes tout au long du voyage et déjà lors de la scène de recrutement où les différents profil s'affirment, de la fille de mauvaise vie en quête de rachat à la veuve esseulée ou l'étrangère cherchant la stabilité en terre d'accueil. C'est donc également l'Amérique du melting-pot qui se profile avec la charmante française incarnée par Denise Darcel, un pittoresque et attachant japonais joué par Henry Nakamura ou encore la touchante mère italienne Renata Vanni.

Le film entièrement porté par le parcours individuel et collectif de ses personnages adopte donc un ton étonnement naturaliste pour ce type de grand western. Pratiquement pas de musique, quasiment aucune vue spectaculaire des majestueux paysages traversés (hormis la poursuite entre Buck et Danon se concluant en scène d'amour) et la seule scène d'action potentielle avec l'attaque indienne est escamotée pour ne garder que sa seule issue dramatique avec la mort de plusieurs femmes. C'est ici un ode à l'effort et la détermination de ses femmes qui inversent la question éventuelle de départ qui n'est plus si elle seront capables de s'adapter aux rudesses de l'Ouest mais plutôt si les hommes qui les attendent seront dignes d'un tel courage.

Le parcours parsemés d'embûches d'ordres naturelles, de malchance ou de malveillance ne sera pas de tout repos et le scénario ménage quelques terrible moment de noirceur où rien ne nous sera épargné comme la tragique mort d'un enfant. Pourtant au milieu de ce chemin de croix surgissent de purs moments de magie et de tendresse qui semblent tout justifier tel cet accouchement en plein désert.

Robert Taylor est excellent en rustre déterminé à arriver à bon port d'abord par intérêt personnel, puis par admiration pour ces femmes (il faut voir son sourire de fierté quand elles refusent de rebrousser chemin après une énième difficulté), ses femmes qu'il a rendu plus solide et résistante que des hommes. Hope Emerson en matriarche au coeur gros comme ça est également magnifique, tout comme Denise Darcel tout en séduction (il est vraiment dommage qu'elle n'ait pas fait plus de films entre Vera Cruzz et celui ci elle impose une sacré présence) et fragilité et formant un couple explosif avec Robert Taylor. On reconnaît la touche Capra dans cette manière de positiver et d'aller de l'avant envers et contre tout, qui culmine lors d'une magnifique et truculente conclusion où tout les efforts sont enfin récompensés. C'est ici que l'Amérique de demain commence, l'avenir leur appartient.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

Extrait

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