Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 21 mars 2011

Les Neiges du Kilimandjaro - The Snows of Kilimanjaro, Henry King (1952)


Un écrivain fauché Harry Street et sa femme Helen sont en safari en Afrique, tout en sirotant consciencieusement leur whisky. Victime d'un accident de chasse, Harry voit sa plaie s'infecter et contracte la gangrène. Le moral chute, Harry commence à déprimer. Croyant qu’il va mourir, il fait un flash-back sur son passé, ses aventures sentimentales abracadabrantes, notamment pendant la guerre d'Espagne, et ne peut s'empêcher de se confier à sa femme.

Petite déception à la vision de ce film de Henry King que je traquais depuis longtemps. Les Neiges du Kilimandjaro est l'adaptation de la nouvelle (issue du recueil) éponyme de Ernest Hemingway qui relève d'un grand aspect autobiographique puisque s'inspirant des voyages, amours et expériences diverses de l'auteur (la situation inaugurale qui immobilise le héros est d'ailleurs bien arrivé à Hemingway) qui fait de son héros un double de papier. A l'écran il s'agit de Gregory Peck qui s'il fait ce qu'il peut a bien du mal à retranscrire la dimension torturée, exubérante et décadente de Harry Street son côté "américain monsieur tout le monde" et son physique lisse (qui constituent de beaux atouts dans d'autres registre) se retournant régulièrement contre lui.

L'histoire dépeint un homme brutalement amené au seuil de sa vie à se poser des questions sur la manière dont il l'a menée. Harry Street se remémore alors les temps où jeune écrivain ambitieux il souhaitait vivre diverses expériences à travers le monde pour nourrir son art. Cela exige une absence d'attaches absolue dont va pourtant se détourner Harry lorsqu'il tombe sous le charme de Cynthia (Ava Gardner) même si dernière va s'en trouvée cruellement sacrifiée et devenant le grand amour perdu du héros. La narration en flashback nous promène ainsi au gré des pérégrinations de Harry (et donc d'Hemingway) du Paris des années 20 en pleine Guerre d'Espagne, l'Afrique restant le lieux de tout les bonheurs et regrets passés.

Toute cette dimension se trouve un peu trop surligné par les dialogues et le récit peine à exprimer ce va et vient entre dimension métaphysique et romantisme. Ce dernier point est tout de même assez réussie avec une longue et belle séquence sur la romance parisienne entre Cynthia et Harry. Ava Gardner loin des beautés distante et fascinantes qui ont fait sa gloire est très touchante en femme fragile prête à tout les sacrifices pour ne pas entraver le destin de son époux. Ce poids du passé ronge le présent du couple entre Harry et Helen (Susan Hayward qui retrouve Peck devant la caméra de Henry King après le magnifique David et Bethsabée) mais là encore le tout s'avère très poussif pour exprimer la rancoeur et les non dit du couple, la dernière partie sur le calvaire de Peck s'avérant assez interminable malgré la remarquable prestation de Susan Hayward.

Le problème est d'ailleurs résumé dans le titre même, ces fameuses Neiges du Kilimandjaro au centre de tout le mysticisme de l'oeuvre écrite à côté de laquelle passe le film qui se contente de répéter la fameuse devinette existentielle pour l'exprimer. Le film s'achève d'ailleurs sur un tiède happy end alors que la nouvelle emmenait son héros vers un ultime repos poignant vers les lieux en questions.

Ces gros défauts sont vraiment regrettables tant Henry King transcende les carences du script par son brio visuel. Les séquences africaines sont de vraies splendeur tant bien que mal se profile un peu de subtilités (l'arbre aux charognards), gérant bien les paysages réels et le studio et le Paris idéalisé de carte postale des années 20 est somptueux (Leon Shamroy une fois de plus signe une photo de toute beauté et la copie du dvd lui rend bien justice), notamment la longue promenade nocturne entre Ava Gardner et Gregory Peck. Le film se laisse regarder sans déplaisir malgré les grosses longueurs mais on est loin du chef d'oeuvre qu'on pouvait espérer avec une telle additions de talents engagés.

Sorti en dvd zone 2 français mais l'édition est épuisée et assez dure à trouver désormais donc se tourner vers le plus abordable zone 1 doté de sous titres anglais et d'une vf et bonus fort intéressants.

3 commentaires:

  1. Le flash back était le péché mignon de Henry King, et Henry King était son champion. Dans ce "Kilimanjaro", je les trouve somptueusement amenés. Il est vrai qu'avec "Wait till the sun shines Nellie" (sublime) , "Twelve o' clock high" (superbe), "Margie" (étincelant) et bien d'autres oeuvres, King a eu le temps d'affûter ce talent et cette particularité. Vous avez de la chance d'avoir une belle copie du travail de Shamroy car mon DVD vient de chez Bach films (peut-on citer des noms ici?) et c'est une horreur malgré la jaquette estampillée "copie restaurée". Ils me l'ont très aimablement échangée... mais la seconde ne vaut pas mieux, ça me consterne.
    Sinon, King est l'auteur de quelques merveilles et mériterait qu'on le réhabilite lui aussi. Son remake de "7th heaven" (L'Heure Suprême) de Borzage, mais cette fois avec Simone Simon et James Stewart est au moins aussi éblouissant que l'original.
    Bravo pour vos chroniques. Lisa Fremont.

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  2. Merci Lisa ! Le dvd Fox à la belle copie est un peu plus trouvable qu'à l'époque où j'ai écris le texte si vous souhaitez revoir le film dans de meilleures conditions (effectivement Bach Films c'est généralement l'horreur sauf quand ils ressortent des films Universal où les copies sont bonnes).

    http://www.amazon.fr/neiges-du-kilimandjaro-Gregory-Peck/dp/B000VAVTPO/ref=sr_1_4?s=dvd&ie=UTF8&qid=1353202259&sr=1-4

    Henry King est vraiment un des mes réalisateurs favoris de l'âge d'or Hollywoodien et il est très bien représenté sur le blog. Un peu oublié du grand public mais pas mal consacré quand même chez les cinéphile je trouve. Pour ce qui est des "Neiges du Kilimandjaro", il a fait nettement mieux avec sa seconde adaptation d'Heminghway "Le Soleil se lève aussi" où il retrouve Ava Gardner. J'en parlais ici

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2011/07/le-soleil-se-leve-aussi-sun-also-rises.html

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  3. Oh oui, bien sûr, j'ai évidemment regardé toutes vos chroniques concernant Henry King. Je l'aime énormément moi aussi, ce réalisateur. J'ai revu le magnifique "Capitaine de Castille" il y a peu... Quel panache! Quelle virtuosité!
    J'aimerais tellement revoir les films que je vous citais dans mon précédent message : "Wait till the sun shines Nellie" avec Jean Peters (du Shamroy renversant!) ou encore ce fameux remake de Borzage. Brion avait passé "Margie" (un bijou!)il y a longtemps. Il m'en reste une copie VHS et sa copie su DVD. Ce qui est affreusement dommage car toujours avec une image Technicolor de Shamroy....
    Lisa Fremont.

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