Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 11 juin 2011

Un Amour désespéré - Carrie, William Wyler (1952)




Georges Hurstwood est un chef de famille respectable qui gagne très confortablement sa vie. Mais il abandonne tout pour vivre un amour désespéré...

Carrie semble né d'un des grands succès de la Paramount de l'année précédente, Une Place au soleil de George Stevens. Ce dernier était adapté du roman Une Tragédie Américaine de Théodore Dreiser où étaient magnifiquement retranscrit les grands thèmes de l'auteur sur les inégalités sociales, l'ambition et les personnages tragiques brisés par le destin. Premier livre plus méconnu de Dreiser, Sister Carrie se voyait donc à son tour transposé sur grand écran certainement grâce à la réussite artistique et au plébiscite public comme critique du film de Stevens.

Si dans Une Place au Soleil le sort s'acharnait sur le jeune ambitieux incarné par Montgomery Clift, il brisera cette fois les espoirs de l'homme mûr et rangé magnifiquement interprété par Laurence Olivier. Tombé amoureux de Carrie (Jennifer Jones) jeune femme fraîchement installée à Chicago, les obstacles s'accumulent pour empêcher leurs union. Hormis une Miriam Hopkins détestable en épouse acariâtre soucieuse des apparences, il n'y a pas de réel méchant dans Carrie. C'est tout simplement le poids moral d'une société pas prête accepter qu'un homme souhaite tout recommencer par amour, qu'une jeune femme s'abîme par nécessité et qui se pose en inquisition.

L'aspect concernant Jennifer Jones est remarquablement traité par Wyler, tout en subtilité pour contourner la censure.Lorsque à la rue et sans emploi elle est contrainte de vivre chez Eddie Albert, une transition de plusieurs semaine la fait passer en un plan de la naïve provinciale à la fille perdue par un simple dialogue anodin avec une fillette et un changement de coiffure. Le chignon et le chapeau strict laissant place à des cheveux tombant pour signale ainsi sa perte d'innocence avant que la situation ne nous le dévoile de manière effective.

C'est pourtant la lente et terrible déchéance sociale de Laurence Olivier qui émeut le plus. Olivier avait déjà collaboré avec Wyler sur Les Hauts de Hurlevent pour ses débuts Hollywoodiens et le réalisateur avait eu toute les peines du monde a lui faire perdre ses tics de théâtre mais Olivier lui en fut par la suite reconnaissant. En toute confiance il délivre donc là une de ses plus poignantes prestations avec cet homme ranimé par une fièvre amoureuse qu'il pensait éteinte et qui va tout risquer pour l'entretenir. C'est compter sans une terrible malchance et des choix malheureux, la fougue romantique des premiers instants s'estompant progressivement pour ne plus laisser qu'un quotidien morne et sans issue.

Maître de la transformation, Olivier fait passer cet homme dans la force de l'âge à véritable épave au termes de multiples coups dur et les dernières minutes du film le mettant plus bas que terre sont vraiment dures à suivre. Jennifer Jones apporte également de belles nuances à ce type de personnages qu'elle connaît bien en croisant fragilité et détermination et est à la hauteur de l'intensité d'Olivier notamment lors d'un terrible échange plein de rancoeur après une fausse couche ou des retrouvailles finales douloureuse.

Un magnifique drame superbement filmé par Wyler (ce mouvement de grue terrible en plongée sur l'hospice à la fin) et porté par une reconstitution somptueuse.

Sortie en dvd zone 2 français chez Paramount

Petit montage de fan

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