Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 29 novembre 2011

La Déesse de Feu - She, Robert Day (1965)


En 1918, deux officiers anglais, le major Holly et Leo Vincey, accompagnés de Job, visitent Jérusalem. Ils sont accostés par Billali, un arabe qui reconnait en Leo la réincarnation de Killikrates, un grand prêtre de l'ancienne Egypte. Le soir même, Leo est enlevé et se réveille dans une étrange maison auprès d'une splendide créature, Ayesha. Cette dernière lui remet un anneau et une carte lui permettant de traverser le désert pour rejoindre la cité cachée de Kuma où elle l'attendra, convaincue qu'il est bien Killikrates, son grand amour qui lui fut infidèle vingt siècles auparavant.


She est une production Hammer dont le succès permis au studio de renouveler son style, les ambiances gothiques alternant désormais pour les années à venir avec des films d'aventures exotique et bariolés comme Un Millions d'années avant Jésus Christ, La Reine des Vikings ou Les Femmes Préhistoriques.

Première tentative du studio dans le genre, le film bénéficie de moyens énormes avec notamment un tournage en Israël pour les extérieurs, des décors studio imposants (sans rivaliser pour autant avec les mastodontes hollywoodien) et un casting de choix où on trouve entre autre le jeune premier John Richardson, les habitués Peter Cushing et Christopher Lee et dans le rôle de She une Ursula Andress encore tout auréolée de son nouveau statut de star après le succès de James Bond contre Dr No.

Adapté du roman de H. Rider Haggard (à qui l'on doit aussi Les Mines du roi Salomon autre fleuron du genre), l'histoire avait déjà connu plusieurs versions à l'écran dont une par Méliès (adaptant le final uniquement) dès 1899 et une autre en 1935 par les auteurs de King Kong pour la RKO transposant l'histoire au pôle nord.

Robert Day livre une réalisation efficace mais sans génie, qui n'apporte pas de plus-value à ce qui se déroule à l'écran, ainsi malgré les moyens et le cadre le film conserve néanmoins la patine bricolée et désuète qui fait le charme du studio, sans un Terence Fisher pour rehausser le tout.Ce qui fait l'intérêt principal du film, c'est donc son histoire d'amour tragique à travers les siècles magnifiquement illustrée et qui donne au film une ambiance onirique de rêve éveillée unique en son genre.

La première partie lors du voyage dans le désert envoûte avec un John Richardson sentant l'appel d'une force inexplicable. Malgré un aspect un peu bavard lorsque l'on arrive à la cité cachée de Kuma, cette magie demeure et toutes les scènes entre Richardson et Ursula Andress sont chargées d'émotion et d'atmosphère. Ursula Andress trouve probablement le rôle de sa vie avec Ayesha, personnage ambivalent partagé entre la souveraine tyrannique et l'amoureuse éperdue, dualité parfaitement mise en image dans une scène de flashback expliquant la mort de son amant des siècles plus tôt.

Day est particulièrement inspiré pour la mettre en valeur, l'entourant d'une photo diaphane et de tenue immaculée lors des scènes d'amour (on pense presque toute proportion gardée à Ava Gardner dans Pandora) et la filmant en contre plongée pour la rendre plus imposante encore en reine autoritaire. John Richardson est plutôt convaincant en amoureux éperdus, bien soutenu par Peter Cushing même si plus en retrait et Christopher Lee toujours aussi magnétique en prêtre énigmatique.

La puissance de l'histoire d'amour fait donc oublier les défauts (petites longueurs et un final expédié) et certaines aberrations (le peuple caché descend des égyptien mais les soldats ont des tenues de centurions romain), occasionnant les plus beaux moments du film comme lorsque Léo ne peut se résoudre à tuer She pour sauver son amie, la première rencontre avec Ayesha où un final d'une grande puissance tragique.

Cette ampleur nouvelle mais néanmoins soumise à l’économie du studio confère ainsi une tonalité intimiste adéquate au récit qui aurait sans doute dévié de son objectif en en mettant plein la vue. Un joli film d'aventure donc qui connaîtra grand succès et appellera une suite trois ans plus tard avec La Déesse des sables (Vengeance of She en vo) avec le seul John Richardson rescapé du premier film. On en reparle demain !

Réédité récemment en zone 1 dans la collection Warner Archives et donc sans sous-titres. On saluera les errements de Seven 7 qui a édité la suite en zone 2 français mais pas le premier film...

Extrait

6 commentaires:

  1. Malgré le charme et l'opulence (kitsch et mammaire) propres aux prods Hammer et à Ursula, je l'avais trouvé pas bien fameux ce She. T'es quand même vachement bon public parfois. ^^

    Sinon j'en profite pour te demander tes conseils avisés, n'y connaissant pas grand chose en cinéma classique italien mais étant récemment tombé sous le charme des films de Visconti (Senso mais surtout Le Guépard, quel bonheur pour les sens sur grand écran) j'aimerai continuer avec Mario Monicelli et Mauro Bolognini mais ne sais pas trop avec quels films commencer. D'ailleurs si tu as d'autres réals du même tonneau en stock, aussi bien dans le grand mélo opératique et flamboyant que dans la petite comédie de moeurs, n'hésite pas, je prends aussi !

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  2. Hé hé j'avoue qu'effectivement je suis bon public malgré les défauts je lui trouve son charme à ce She (et oui Ursula ne me laisse pas insensible^^) un de ces jours je causerai de la première version de 35.

    Alors pour Bolognini ses films des années 50 sont surtout de grosses comédies populaire plus ou moins réussies avec quelques titres sympa comme "Une fille formidable" avec une Sophia Loren débutante mais là dedans c'est surtout un exécutant sans personnalité. Il devient intéressant lorsqu'il se met à travailler avec Pasolini comme co scénariste avec des drames réaliste comme Le Bel Antonio (qui malmène entre autre l'imagerie du mâle italien avec un Mastroianni impuissant) ou le diptyque Les Garçons/Ca s'est passé à Rome (le second est pas dispo en dvd français par contre) sur des petites frappes banlieusardes italiennes. C'est excellent mais là encore on sent beaucoup l'empreinte de Pasolini (et si tu accroches à ce ton tu peux tester les premiers Pasolini comme Accatone ou Mamma Roma encore plus arides et sombres) donc pour toi autant commencer quand il devient vraiment lui même et se lance dans le mélo en costume au début 60'set là c'est magique.

    Tu peux sauter sur "La Viacca" (qui fait un peu la transition entre le réalisme Pasolinien et les premiers élans formels flamboyant) un beau drame avec Bebel et Claudia Cardinale en couple tragique. Pas mal sont encore inédits en France (comme Mademoiselle de Maupin ou Arabella) mais tu peux aussi sauter sur Bubu de Montparnasse vraiment puissant et visuellement tout le film est un tableau en mouvement contrebalancé par une histoire très glauque et l'année d'avant il réalise avec le même couple d'acteur "Metello" qui est sûrement mon favori de lui un grand mélo social et romantique. Fin des 70's il réalise d'ailleurs des films plus politisé comme Liberté mon amour ou Vertiges assez brillant même si je préfère ces films d'époque.

    "L'héritage" est aussi un grand film après je connais moins bien sa filmo tardive des années 80/90 mais tu as de quoi faire. Je me suis d'ailleurs commandé son adaptation télévisé de La Chartreuse de Parme mais pas encore commencé à regardé. Bon comme c'est quand même un peu confus tout ça clique sur le libellé Bolognini je cause d'une bonne partie des titres que j'ai cités plus en détail sur le blog. D'ailleurs Bubu est le texte le plus lu du blog (et de loin) étonnant ! En tout cas ne surtout pas écouter ceux qui le qualifie de sous Visconti pour moi il est aussi grand et finalement très différent. J'arrive sur Monicelli dans un autre commentaire ^^

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  3. Et donc Monicelli les débuts sont assez fulgurants même sur des commandes des années 50 quand il réalise des grosses comédies pour le comique Toto qu'il place dans des situations du quotidien comme "Gendarmes et Voleur" excellent.

    Mais autant commencer par sa grande période avec Le Pigeon où il invente quasiment la comédie italienne moderne même si c'est encore très marqué par le néo réalisme. La Grande Guerre est un beau récit picaresque aussi et une des meilleures vision de La Première Guerre Mondiale. En plus méconnu son son segment dans le film à sketch Boccace 70 est un chef d'oeuvre de sensibilité aussi (et coupé au montage à l'époque mais tu as la totale sur le dvd français)et il délivre quelques saillies féroces plus tard dans Les Nouveaux Monstres autre film à sketch féroce (où on trouve Scola et Risi aussi). Après il marque un peu le pas dans les 60's même s'il y a d'excellente chose comme L'Armée Brancaléone et sa suite (grosse aventures historique décalée et paillardes mais toujours pas de dvd français :-( ) ou Casanova 70 très amusant aussi. Gros retour en force avec "Mes chers amis" (une des plus grandes comédies italiennes jamais faîtes c'est dit) dont un dvd ne devrait pas tarder vu qu'il est ressorti en salle récemment et toujours à l'affiche. Il a aussi donné dans des choses politisées féroces comme "Nous voulons les colonels" brillant aussi. Là aussi comme je part dans tous les sens survole le blog je parle de pas mal de films que j'ai cités.

    Sinon hormis ces deux là tu peux carrément poursuivre Visconti si Senso (j'en causerais bien ici un de ces jours) ou Le Guépard t'ont plu dont Les Nuits Blanches, Mort à Venise, Les Damnés (un peu plus de réserves sur son Ludwig extraordinaire visuellement mais interminable dans sa version de 4h à revoir pour redonner une chance) et même tenter ses belles premières oeuvres néoréalistes.

    Et puis Risi, Scola, Comencini ou Pietro Germi sont des incontournables aussi pas mal de pépites t'attendent de ce côté là, tout comme De Sica même s'il faut faire parfois un peu le tri tant il a fait de tout. Et de même en farfouillant par ici via les libellés réalisateurs ou comédie italienne j'en ai chroniqué un paquet tu pourras faire ton choix. Voilà j'espère que c'était assez clair quand même malgré le long post ^^.

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  4. D'ailleurs pour t'viter de trop chercher quelques liens en vrac sur tout ça

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/search/label/Mario%20Monicelli

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/search/label/Mauro%20Bolognini

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/search/label/Ettore%20Scola

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/search/label/Luigi%20Comencini

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/search/label/Dino%20Risi

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/search/label/Pietro%20Germi

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  5. Grazie pour ce topo qui décidément donne bien envie d'explorer toutes ces filmos ! Je vais lire tout ça et commencer par chercher les Bolognini 60's. En tout cas, c'est toujours un réel plaisir de suivre ce blog passionné et passionnant.

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  6. Merci ! Tu vas bien te régaler à découvrir tout ça c'est vraiment une période où le cinéma italien était un des plus audacieux et créatif du monde il y a de quoi faire. C'est bien en plus tu m'as permis de faire un peu de rangement ^^ j'avais oublié de caser quelques libellés sur certains comme L'Argent de la vieille de Comencini. Bolognini depuis deux ans il y en plein qui sont devenu trouvable en France ça va bien le faire ! ;-)

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