Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 19 décembre 2011

L'Homme fatal - Fanny by Gaslight, Anthony Asquith (1944)


Londres, 1880. Après dix années passées en pension, Fanny Hopwood revient au domicile familial. Celui qu'elle prend pour son père, William Hopwood, est tué accidentellement par Lord Manderstoke lors d'une altercation. À la mort de sa mère, la jeune femme entre au service d'un homme politique influent, Clive Seymore, qui lui révèle être son véritable père (sa famille s'était opposée à un mariage en dehors de son rang social et il avait ensuite épousé Alicia). Peu après, Fanny rencontre le secrétaire particulier de son père, Harry Somerford, et Alicia Seymore apprend la vérité...

Fanny by Gaslight est un des plus fameux mélodrames en costumes de la Gainsborough et fut même le second plus grand succès du box-office anglais en1944 derrière Heureux Mortels de David Lean. Adapté du roman éponyme de Michael Sadleir paru 4 ans plus tôt, l'histoire est typique du grand récit moral victorien. L'innocence et la candeur la plus sincère côtoie donc l'immoralité et le stupre tout au long du film et ce dès la scène d'ouverture. Notre héroïne Fanny encore fillette découvre ainsi au sous-sol de son paisible foyer un curieux établissement déambulent des femmes costumées et fardées qu'elle prend pour des actrices. Vice et vertu se confondent même le temps d'un superbe plan ou la jeune de Fanny observe un tableau obscène.

Le même jour (qui est celui de son anniversaire) un homme mystérieux vient lui rendre une chaleureuse visite et semble tenir particulièrement à elle. Une ellipse nous ramène sur les lieux dix ans plus tard avec le retour de Fanny (Phyllis Calvert) dans son foyer après ses études et va révéler tragiquement l'envers des évènements du début. Comme on l'a deviné le sous-sol abrite une maison close tenue par son père, ce dernier succombant bientôt après une altercation avec le client récalcitrant Lord Manderstoke (James Mason).

Le grand mélodrame se poursuit lorsque le meurtrier est acquitté, que sa mère meurt de maladie à son tour et qu'elle est envoyée chez le gentleman croisé au début et qui s'avérera être son vrai père. Jeune promis à un bel avenir politique, on l'empêcha d'épouser sa mère. Cela fait beaucoup en une demi-heure de film à peine et l'héroïne vraiment trop innocente frise la niaiserie et a du mal à être attachante tant Phyllis Calvert peine à faire exister le personnage derrière cette douceur ébranlée par les malheurs.

Tout le film voit donc Fanny subir les conséquences des évènements du début, le scandale qui l'entoure la freinant dans tous ces projets, que ce soit les retrouvailles avec son père (belle scène rurale et seul moment apaisé du film) ou sa romance avec Harry Somerford (Stewart Granger charmant et avenant jeune premier) la voyant se retrouver dans la même situation que sa mère.

Et à chaque fois le destin funeste prendra les traits de son persécuteur Lord Manderstoke avec un James Mason (encore dans sa période grand méchant Gainsborough) génialement sournois et détestable qui une fois de plus éclipse tout le casting. L'ensemble est tout de même assez ennuyeux et on s'amuse bien moins que dans les œuvres plus ouvertement amorales de Gainsborough la faute à ce trop lisse personnage principal, l'interprétation de Phyllis Carver (hormis la toute dernière scène où elle réplique enfin) peinant à susciter l'empathie.

C’est d’ailleurs bien les personnages immoraux les plus intéressant et charismatiques, Mason donc mais aussi Kathleen Nesbitt en épouse vénale mais aussi une ambigüe Jean Kent qui fera les mauvais choix par confort matériel. Le film n'est pas désagréable pour autant notamment grâce à la mise en scène élégante d'Asquith dont les cadrages et la lumière (belle photo de Jack E. Cox) mettent vraiment en valeur les décors et les costumes. On retiendra notamment une assez somptueuse scène de duel au petit matin dont on peut se demander si elle est passée sous les yeux de Ridley Scott pour Les Duellistes. Un peu trop forcé dans le larmoyant et peu palpitant donc mais cela se laisse voir tout de même grâce au brio formel.

Disponible en dvd zone 2 anglais notamment dans le coffret Stewart Granger déjà évoqué ici et doté de sous-titres anglais.

Extrait des dix premières minutes

2 commentaires:

  1. Ce n'est pas le plus réussi des mélos Gainsborough, car l'héroïne est vraiment un peu trop nunuche, et l'actrice roule des yeux effarés durant quasiment tout le long du film... En jeune premier, Granger parvient à suggérer plus que son rôle, et Mason est bien trop anecdotique dans le déroulement de l'histoire pour parvenir réellement à construire un personnage. Pas essentiel du tout, mais assez divertissant !

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  2. Oui ça se laisse suivre malgré les défauts, et ça m'a assez enchanté visuellement (je me suis fait plaisir dans les captures ^^) Asquith est un vrai esthète. Pour l'instant mon préféré du coffret Granger reste Blanche Fury parmi ceux visionnés...

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