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lundi 26 mars 2012

Don Cesare de Bazan - Don Cesare di Bazan, Riccardo Freda (1942)



Barcelone. 1650, le comte Don Cesare Di Basan de retour de Flandres, découvre un complot monté contre le roi par l'ambassadeur de France, le vicomte de Beaumont. Avec l'aide de la comédienne qu'il a épousé à son insu et qui prend son nouveau rôle de comtesse très à cœur, Don Cesare va déjouer le complot et sauver le souverain.

Don Cesare de Bazan est le premier film de Riccardo Freda qui se voyait enfin offrir sa chance après des années à officier en tant que scénariste (sur des mélodrames essentiellement) puis producteur. Le talent montré durant ces années d’apprentissage lui vaut donc cette promotion lorsque la Elica Films décide de produire cette tentative italienne de rivaliser avec les films de cape et d’épée hollywoodien notamment les classiques de Michael Curtiz avec Errol Flynn (Capitaine Blood, L’Aigle des mers auquel son pense beaucoup ici).

Le film est adapté d’une pièce de théâtre du d’Adolphe d'Ennery lui-même librement inspiré par le Ruy Blas de Victor Hugo. Le script de Riccardo Freda (épaulé entre autre par Cesare Zavattini future grand scénariste pour le Néo réalisme et Vittorio de Sica en particulier) en gomme cependant tous les aspects trop dramatiques pour ne retenir que la matière à un grand spectacle enlevé. Pour ce galop d’essai le réalisateur rencontrait Gino Cervi qui allait devenir son acteur fétiche, le duo signant des réussites plus grandes encore du cinéma d’aventures avec L’Aigle Noir ou pour rester chez Victor Hugo une version en deux parties des Misérables en 1948.

Cette première réalisation est une belle réussite où éclatent déjà toutes les qualités futures de Freda. On retrouve ainsi son goût pour l’intrigue feuilletonesque avec intrigue dense (le film dure à peine plus d’une heure) où se multiplie complots, romance et duels à l’épée avec un sens du rythme ébouriffant.

Le talent de narrateur de Freda déjà tout aussi brillant dans sa manière limpide d’exposer les enjeux, de dessiner un personnage en une poignée d’image et surtout de nous faire avaler un aplomb et une croyance en son récit les plus grosses couleuvres et raccourcis scénaristiques. Ainsi il y aurait objectivement bien des invraisemblances à relever ici mais emporté que l’on est cela n’a aucune importance.

Gino Cervi (le futur maire des Don Camillo) est un formidable jeune premier et incarne le rôle-titre avec un charme, une énergie et un panache irrésistible. Face à lui la belle Anneliese Uhlig , actrice allemande au passé douteux, puisque star des films de propagande nazie exilée en Italie (où elle se liera à Mussolini) pour fuir les avances de Joseph Goebbels.

Le futur ne sera pas plus glorieux puisqu’après la guerre elle contribuera avec opportunisme aux courts métrages de propagandes américains anticommunistes dont elle assurera pour certains la production et la réalisation.

Quoiqu’il en soit, son physique glacial et fragile à la fois fait merveille face à la bonhomie de Cervi et l’intrigue leur réserve des péripéties amusantes où amoureux ils finissent par être mariés à leur insu tout en se soupçonnant mutuellement. Enrico Glori en ambassadeur français comploteur est quant à lui parfait d’élégance et de sournoiserie dans une excellente prestation de méchant raffiné.

Produit dans cette période du cinéma italien dite des « téléphones blanc », le film bénéfice de moyens conséquents parfaitement exploités par Freda. Si on peut certainement lui reprocher sa réalisation quelque peu statique, Freda fait preuve d’un sens du cadrage impressionnant pour mettre en valeur la beauté des décors et costumes dont il bénéficie. La reconstitution est splendide et on est souvent frappés le sens du détail et l’immensité des décors traversés, la recherche dans les robes et coiffures des actrices.

C’est un plaisir des yeux de tous les instants, d’autant que Freda fait preuve d’une énergie certaine dans ses scènes d’actions notamment les combats à l’épée survoltés où on regrettera simplement un usage malheureux des accélérés. Une première tentative plus que convaincante donc qui annonçait la fructueuse carrière à venir de Freda. Vingt ans plus tard, celui-ci réalisera d’ailleurs un Sept épées pour un roi où il reprendra l’intrigue de ce film dans une tonalité assez différente. Si un éditeur pouvait nous sortir cela un jour…

Sorti en dvd chez SNC M6 Vidéo

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