Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 9 juillet 2012

Manhattan - Woody Allen (1979)


Scénariste de télévision, Isaac Davis (Woody Allen) est un homme désabusé et angoissé. À 42 ans, sa vie professionnelle le laisse insatisfait. Aussi, passe-t-il le plus clair de son temps à écrire et réécrire son roman. Sa vie privée est plus que chaotique. Sa deuxième épouse (Meryl Streep) qui l’a quitté pour une autre femme, est sur le point de publier son autobiographie où Isaac tient une bonne place. Il fréquente aussi Tracy, une jeune fille de 17 ans (Mariel Hemingway) avec laquelle il ne se voit aucun avenir. La situation se complique lorsque Yale (Michael Murphy), son meilleur ami, lui présente sa maîtresse, Mary (Diane Keaton) dont Isaac ne tarde pas à tomber amoureux.
Arrivé à la réalisation presque par accident et surtout par dépit de voir ses scripts malmenés par les producteurs (Quoi de neuf, Pussycat ? (1965) aura été une expérience douloureuse), Woody Allen se sera contenté tout au longs de ses premiers films de transposer de manières inégale et potache ce qui avait fait son succès d'amuseur sur scène et à la télévision. Annie Hall (1977) allait amener une spectaculaire évolution et ouvrir de nouvelles perspective au réalisateur en inscrivant le récit dans un cadre plus réaliste, en traitant de thèmes quotidien et en troquant les gags pour un ton doux-amer amusé et mélancolique. Délicat récit de la rencontre, de l'union et de la séparation d'un couple, Annie Hall dévoilait une finesse et une légèreté touchante tout en proposant une forme plus aboutie (c'est le début de la fructueuse collaboration avec le directeur photo Gordon Willis). Succès commercial et grand vainqueur aux Oscars (il remportera ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et de la meilleure actrice pour Diane Keaton), Annie Hall ouvre une nouvelle voie à Allen qui va avec Manhattan creuser le même sillon de manière plus aboutie encore.

Manhattan dépeint les chassés-croisés amoureux de quadras intellectuel new-yorkais en pleine crise existentielle. Isaac (Woody Allen) est insatisfait de son rôle d'humoriste de télévision et aspire à devenir écrivain mais son livre n'avance pas. Côté cœur, il n'assume la romance qu'il vit avec la jeune Tracy (Mariel Hemingway) seulement âgée de 17 ans et voit ses sentiments pencher vers la très névrosée Mary (Diane Keaton), maîtresse de son meilleur ami Yale (Michael Murphy) lui-même en plein doute sur son mariage. Les relations se nouent et se dénouent au gré d'une narration nonchalante ancrée dans un quotidien fait de sorties au restaurant, au musée, dans les parcs où les ruelles de ce New York personnage à part entière du récit. La scène d'ouverture voix Allen s'emmêler les pinceaux en cherchant à dépeindre son sentiment sur la ville dans le premier chapitre de son roman où elle sera tour à tour chaleureuse, étouffante ou poétique.

Elle sera surtout liée à son humeur du moment où le plus simple s'oppose au plus sophistiqué, la vision de Manhattan étant pliée à celle des deux relations amoureuses dans lesquelles navigue Isaac. La belle, innocente et aimante Tracy (Mariel Hemingway absolument craquante de candeur) se plonge donc dans l'univers d'Isaac de la manière la plus simple (tous les passages dans l'appartement miteux d'Allen, les scènes de lit où ils regardent de vieux films) quand avec la plus torturée et intellectuelle Mary on aspire au grandiose, à la romance la plus éclatante.

Ce n'est donc pas étonnant que les deux moments les plus époustouflant visuellement se déroule avec Diane Keaton lors de l'après-midi au planétarium (où le couple joue autant avec les ombres du lieu qu'avec leur sentiments naissant qu'ils n'osent s'avouer) et surtout ce divin moment où ils assistent assis sur un banc au lever du jour tout en discutant, image à jamais associée au film. Allen se garde bien de choisir entre ces deux visions et si l'une des deux romance sera malheureuse New York est aussi belle dans la majesté de ces grands monuments que dans l'intimité de ces quartiers plus populaire.

C'est réellement un des films les plus aboutis d'Allen visuellement, avec ce cinémascope qui amplifie cette poésie urbaine, cette caméra qui accompagne élégamment les déambulations des personnages et le noir et blanc somptueux de Gordon Willis figeant de la plus belle des manières cette ode à la ville. Face à toute cette recherche esthétique et atmosphérique, Woody Allen n'en oublie pas pour autant sa causticité qui se manifestera notamment dans les échanges avec son ex-femme lesbienne joué par une Meryl Streep glaciale et quelques répliques savoureuses dont il a le secret (ah lorsqu'il décerne à Diane Keaton le prix Zelda Fitzgerald de la maturité émotionnelle).

L'instant le plus poignant sera d'ailleurs le plus sobre lors de la très belle conclusion où Isaac rattrape Tracy avant son départ. Là un simple champ contre champ et un jeu de regard, un geste simple (Isaac qui remet en place une mèche de Tracy) et un échange tendre et maladroit font passer mieux que toute les vues de monuments grandioses les sentiments qui unissent encore ces deux-là.

Et c'est sur une belle fin ouverte que les accords du Rhapsody in Blue de Gershwin nous font traverser une dernière fois la cité illuminée dans ce qui est un des chefs d'œuvre de Woody Allen .

Sorti en dvd zone 2 français chez MGM


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