Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 1 septembre 2012

Ip Man - Yip Man, Wilson Yip (2008)

Film biographique sur la vie de Ip Man, un maître de Kung-Fu spécialisé dans le style Wing Chun et qui fut le mâitre de Bruce Lee. Dans les années 30, Ip Man vit à Foshan dans le sud de la Chine, lors de l'occupation japonaise. Face à ses indéniables talents en matière d'arts martiaux, les japonais lui demandent d'entraîner les soldats, ce qu'il refuse catégoriquement. Il va alors devoir lutter pour sa survie.


Souvent second rôle de luxe (dont l’extraordinaire eunuque malfaisant de L’Auberge du Dragon ou encore l'adversaire de Jet Li dans le second Il était une fois en Chine) ou plus tard star de second plan comparé à la notoriété mondiale d’un Jet Li ou d’un Jackie Chan, Donnie Yen vit sa stature changer dans les 2000 avec sa collaboration avec le réalisateur Wilson Yip. Leur premier fait d’armes, SPL (2005) fit sensation à sa sortie chez les amateurs d’empoignades musclées. Croisant arts martiaux traditionnels, free fight voire même catch lors de combats teigneux (le long final opposant Donnie Yen à Sammo Hung reste dans toutes les mémoires), le film révolutionnait la manière d’illustrer l’action.

Malheureusement, ces moments nerveux étaient trop éparpillés dans le film, laissant place à une intrigue policière poussive et laborieuse. Les compères persévèrent pour des résultats plus réjouissant avec le décérébré et fun Dragon Tiger Gate et le polar Flashpoint à l’intrigue dont la minceur n’a d’égale que l’outrance brutale des scènes d’actions dont à mano à mano final mémorable entre Donnie Yen et Colin Chou.

Tout cela manquait cependant cruellement d’ambition, ce que vint infirmer ce Ip Man, biopic romancé d’un maître des arts martiaux et héros national (il participa à la résistance contre l’envahisseur japonais durant la Seconde Guerre Mondiale) surtout connu aujourd’hui pour avoir été le mentor de Bruce Lee. Cette grande figure donne l’occasion à Wilson Yip et Donnie Yen de proposer un récit bien plus ambitieux quel leurs précédentes œuvres, avec à la clé un croisement de film martial et de fresque historique lorgnant sur les Il était une fois en Chine de Tsui Hark. S’il n’atteint pas encore ces sommets, Ip Man est bien plus intéressant que les autres films du duo tout en étant toujours aussi virtuose et impressionnant dans l’action.

Le début très léger étonne quelque à peu, mais s’avère cohérent avec ce qui sera le parcours initiatique de Ip Man. On retrouve donc un héros quelque peu narcissique (le physique avantageux de Donnie Yen plus poseur que jamais et tiré à quatre épingles aidant bien) sujet de l’admiration de tous et délaissant sa famille pour des joutes martiales où il impressionne ses pairs. Ip Man va ainsi se confronter successivement à deux incarnations de l’usage des arts martiaux (et démontrant la dualité de son caractère mi humble, mi fanfaron) avec un maître voulant se mesurer à lui puis une brute voulant assujettir toutes les écoles de la ville.

L’aspect screwball comedy est fort amusant, l’épouse (tout sauf soumise) de Ip man lui reprochant de ne pas prêter suffisamment attention à son fils. Une scène s’avère d’ailleurs assez hilarante lorsque le jeune fils surgit en plein affrontement pour dire à son père que sa mère lui demande d’en finir rapidement avec son adversaire sous peine de détruire le mobilier de la maison.

Après l’avoir montré à son apogée et quasiment idéalisé, le scénario confronte Ip Man à la réalité historique cruelle lorsqu’ arrive l’envahisseur japonais. Si on retrouve la description barbare habituelle (et en partie justifiée comme l’a prouvé le récent et tétanisant City of Life and Death) et cruelle des japonais envahisseurs, le traitement de Ip Man s’avère plus surprenant. Sa science des arts martiaux s’avère futile pour sortir sa famille de la misère ambiante, tout comme pour défendre le peuple oppressé. C’est donc le cheminement d’un homme centré sur lui-même vers la collectivité qui se dessine, Ip Man acceptant d’enseigner le combat à ses congénères (alors qu’avoir un disciple l’ennuyait dans la première partie du film) et de se battre pour une cause plutôt que pour épater la galerie.

Les combats ludiques du début acquièrent donc soudainement une intensité fulgurante, les exactions japonaise faisant croître la fureur naissante de Donnie Yen. La séquence où il voit un ancien adversaire trahi et tué par les Japonais l’incitant à défier 10 de leurs combattants est ainsi des plus galvanisantes.

Donnie Yen s’étant beaucoup investi pour apprendre le wing chun (boxe du Sud pratiqué par Ip Man) il a délégué les chorégraphies du film au grand Sammo Hung qui alterne virtuosité et brutalité saisissante dans la dernière partie (la xénophobie latente renvoyant d’ailleurs a ses propres réalisation). Une belle réussite donc, bien qu’imparfaite (le tout manque d’ampleur thématique malgré les moyens déployés) qui nous arrive enfin et aurait mérité une sortie en salle. Le succès du film amènera la même équipe à produire une suite malheureusement bien inférieure, on en reparlera.
Sorti en dvd zone 2 français chez HK Vidéo

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