Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 19 mars 2013

La Peur au ventre - Running Scared, Wayne Kramer (2006)


Jusqu'à présent, Joey avait toujours réussi à jongler entre son job secret au service de la mafia italienne et son rôle de père de famille. Mais cette fois, le pire est arrivé. Le meilleur ami de son jeune fils lui a dérobé une arme qu'il cachait dans sa cave. Au-delà du danger, ce revolver est aussi une pièce à conviction impliquant les patrons de Joey dans un assassinat explosif. Le gamin qui l'a pris semble décidé à s'en servir contre son beau-père, un névrotique appartenant à la mafia russe, qui aurait tout intérêt à ce que cette preuve tombe entre les mains de la police.

Auteur d'un Lady Chance sympathique mais plutôt sobre en guise de premier film, Wayne Kramer surprenait son monde avec ce second essai qui constitue un des polars les plus fous sortis ces dernières années. La surenchère du règlement de compte d'ouverture donne le ton, avec un gunfight sanglant filmé avec frénésie et un festival d'effet tapageurs par le réalisateur. La Peur au ventre est une sorte de mélange improbable entre le polar urbain nerveux et le conte moderne oppressant (toute proportion gardée) lorgnant sur La Nuit du Chasseur avec son héros enfantin confronté à la l'horreur.

Un film comme Le Point de non-retour tirait son esthétique vers une tonalité psychédélique et une intrigue allant vers l'abstraction et l'expérimental, c'est une démarche voisine qu'emprunte en quelque sorte à sa façon destroy Wayne Kramer pour s'éloigner de tout réalisme. L'intrigue est simple : d'un côté Joey un homme de main de la mafia (Paul Walker) se voit confier l'arme d'un règlement de compte et les dissimule chez lui mais celles-ci sont dérobées par le meilleur ami de son fils et gamin à problème Oleg (Cameron Bright) qui va bientôt en faire usage sur son beau-père qui le brutalise. S'ensuit une folle course poursuite entre Joey devant retrouver l'arme avant la police, ses acolytes et la mafia russe et Oleg livré à lui-même face aux dangers de la ville.

L'ambiance essentiellement nocturne tire donc vers le conte avec un Oleg faisant office de Petit Chaperon Rouge ou d'Hansel et Gretel et à la place du grand méchant loup et autres créatures fantastiques se dressent sur sa route dealers, proxénètes (et la bonne fée un prostituée) et pire encore que Kramer entoure d'une aura surnaturelle et démoniaque en adoptant le point de vue apeuré de l'enfant. La photographie baroque mêlant couleurs outrancières à des ombres menaçantes fait de l'espace urbain une forêt aux mille dangers.

La force du film est le jusqu'auboutisme adopté par Kramer qui avec sa mise en scène hallucinée nous plonge en plein cauchemar et ne recule devant aucun excès, nous guidant de surprises en surprises. Le moment le plus saisissant et discutable reste celui où Oleg se trouve aux mains d'un couple de pervers à la demeure façon parc d'attraction en forme de piège bariolé et où Kramer tire ouvertement vers le fantastique avec les ombres du couple espionnant le héros se transformant en démons derrière les vitres.

Paul Walker loin de ses rôles de Fast and Furious exploite enfin le vrai charisme qu'il possède et étonnamment au vu de l'excès ambiant montre une vraie sensibilité à travers sa relation à son épouse jouée par une excellente Vera Farmiga (qui aura droit aussi à sa rencontre avec le mal absolu au cours de cette folle nuit) et où on retrouve le gout de Wayne Kramer pour les scènes de sexe assez crues.

La surenchère est la plus grande qualité mais aussi le petit défaut du film. Après un climax dantesque dans une patinoire phosphorescente où Paul Walker est tabassé à coup de palet de hockey, une révélation et un ultime rebondissement de trop en rajoute quelque peu inutilement même si apportant certaines explications. Néanmoins un sacré voyage (dont le somptueux générique de fin dessiné confirme le lien au conte) et il est dommage que l’on n’ait pas eu de nouvelle de Wayne Kramer depuis hormis un très bon (et une nouvelle fois très différent et ancré dans le réel cette fois) Droit de passage en 2009.

 Sorti en dvd zone 2 français chez Metropolitan


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