Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 22 avril 2013

San Francisco - W.S. Van Dyke (1936)


 Mary Blake est une jeune chanteuse cherchant désespérément du travail à San Francisco. Le gérant de casino Blackie Norton lui fait signer un contrat qu'elle regrette lorsqu'elle se voit offrir une place à l'Opéra Tivoli. Après une dispute avec Norton, elle rejoint la maison Tivoli de Jack Burley. Blackie menace de poursuivre Burley en justice, demande à Mary de l'épouser et arrive à la convaincre de revenir travailler pour lui. L'idylle ne dure pas et Mary le quitte à nouveau pour l'Opéra Tivoli où elle devient la tête d'affiche.

San Francisco est une grande fresque sentimentale et musicale qui fut un des grands succès MGM des années 30 notamment grâce à la chanson éponyme chantée par Jeanette MacDonald qui devint un grand standard. A travers la romance entre le propriétaire de cabaret Blackie Norton (Clark Gable) et la chanteuse Mary Blake (Jeanette MacDonald), l'intrigue offre une vision contrastée de cette bouillonnante cité de San Francisco du début de siècle. Blackie est un cynique s'étant élevé à la force du poignet et qui masque sa bonté sous ses attitudes rudes. Mary Blake ne sait sur quel pied danser avec cet homme lui ayant donné sa chance mais qui se complait dans cette débauche ambiante.

Le script fait évoluer ce questionnement vers une dimension plus sociale à travers le triangle amoureux et l'hésitation de Mary Blake entre Blackie et Jack Burley (Jack Holt) représentant de l'aristocratie de San Francisco. Celui-ci possède une éducation et des attitudes plus courtoises que le goujat Blackie et propose à Mary Blake une place de cantatrice d'opéra plus conforme à ses aspirations, s'opposant ainsi aux spectacles vulgaires de Blackie.

Le film s'avère bien moins binaire que ce dispositif de départ, Blackie soufflant le chaud et le froid entre son réel souci des autres (sa lutte pour la mise aux normes des quartiers populaires victimes d'incendies intempestif) et son égoïsme lui faisant adopter des attitudes révoltantes envers Mary. A l'inverse le bien-pensant Jack Burley est un vil profiteur préférant maintenir le statu quo plutôt que d'offrir une un meilleur cadre aux quartiers pauvres. Si Jack Holt est quelque peu unidimensionnel en riche entrepreneur, Clark Gable tout en gouaille et séduction est irrésistible en goujat peinant à dévoiler ses failles, adorable et détestable.

Jeanette MacDonald en oie blanche révoltée ou soumise par amour amène une opposition tout en douceur et diablement attachante en plus d'impressionner dans ses nombreuses envolées vocales. Spencer Tracy en meilleur ami prêtre et conscience de Gable amène par sa bonhomie et sa franchise une nuance au côté manichéen du film. La rédemption de Blackie s'avère moins religieuse que personnelle lorsqu'il pense avoir tout perdu après le tremblement de terre purificateur.

Les séquences musicales sont légèrement décevantes par contre, assez quelconque lors des scènes de cabaret et vraiment trop statique pour celle d'opéra entièrement au service de la voix et l'interprétation de Jeanette MacDonald. Un peu dommage quand on sait le faste et la folie que saura insuffler W.S. Van Dyke dans son Marie-Antoinette (1938). 

Le tremblement de terre est par contre des plus impressionnants, un pur moment de terreur et d'apocalypse ou toute la frivolité qui a précédé se voit balayé d'une secousse vengeresse renvoyant chacun aux vraies réalités. Les morts brutales et cruelles s'enchaînent dans un tourbillon de flammes et de hurlements aux visions infernales.

L'épilogue en forme de remise en question et de recueillement est ainsi des plus poignants avec l'errance de Gable dans ce monde révolu et à reconstruire. C'est autant ce San Francisco dévasté que son âme blessée qui sont à reconstruire sur des bases plus saines comme le montre un saisissant fondu enchaîné final (peut-être inspiration de Scorsese qui conclura son Gangs of New York de la même façon) liant passé et présent. C'est tout le symbole des belles retrouvailles finales malgré le côté religieux très appuyé et refuge dans un tel moment.



Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection "Trésors Warner"


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