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dimanche 13 juillet 2014

Lady Snowblood II: Love Song of Vengeance - Shura-yuki-hime: Urami Renga, Toshiya Fujita (1974)

En 1905, Yuki Snowblood" Kashima est finalement arrêtée par la police pour ses crimes passés. Libérée par la police secrète on lui  demande d'espionner un anarchiste afin de récupérer un document compromettant pour le gouvernement en place. Snowblood épousera pourtant la cause de ce dernier, trouvant ainsi un nouveau but.

Le succès du premier Lady Snowblood (1973) incita bien évidemment la Toho à lancer une suite qui verrait le jour dès l’année suivante avec la même équipe gagnante Meiko Kaji/ Toshiya Fujita. Le premier film avait tracé une trajectoire dramatique parfaite dans la quête vengeresse de Yuki (Meiko Kaji) et il semblait difficile de d’aller plus loin dans la destinée du personnage. C’est précisément sur ce ressort que joue cette suite où Yuki suite à ses méfaits est désormais recherchée et traquée par la police et les tueurs de tout le pays. Toute entière dédiée à sa mission, Yuki semblait indestructible car animée par une rage intérieure vivace mais cette flamme semble comme éteinte au début de ce second volet. 

La fatigue et la lassitude pointent dans les attitudes et le regard de Meiko Kaji à l’énième apparition d’une multitude d’assaillant qui « d’enfant du monde des ténèbres » (son surnom du premier film) redevient humaine car elle a perdu la raison de vivre qui la rendait invincible. Elle se laisse donc désormais sans but guider par les évènements et arrêter pour finir là où tout à commencé, la prison qui l’a vue naître. En route pour l’échafaud elle est pourtant libérée de justesse par la police secrète qui lui confie la mission d’espionner l’anarchiste, Ransui Tokunaga (Jûzô Itami) et de lui dérober un document précieux pour le gouvernement en place. Le détachement et la présence éteinte de Yuki s’estompent alors progressivement au contact de cet homme vertueux et passionné qui va raviver le feu en elle, la simple vengeance laissant place désormais à la quête de justice.

Ce second épisode dans sa reconstruction de l’identité du personnage est bien plus lent et avare en combat, ces derniers n’arrivant qu’en dernier recours à l’injustice ambiante et la corruption du gouvernement Meiji. On retrouve de nouveau la dimension politique et historique qu’aime apporter Kazuo Koike (auteur du manga original) dans ses ouvrages. Il dénonce ainsi le gouvernement de l’ère Meiji qui sous couvert de modernité et de progrès instaure un climat de dictature et de corruption dans le pays, le document recherché en étant même une preuve accablante. Le personnage de Ransui Tokunaga représente la voie idéaliste de l’activisme politique pour faire changer les choses et faire tomber le régime en place. 

A l’inverse son frère Shusuke Tokunaga (Yoshio Harada) médecin des quartiers pauvre est d’une nature plus désabusée et cynique et souhaite surtout utiliser le documenter pour faire chanter le gouvernement et obtenir des aides aux plus démunis. Les deux personnages sont superbement dépeints et incarnés, leur approche sincère et désintéressée étant tout autant louées que vouées à l’échec face aux méthodes révoltantes du gouvernement (arrestations arbitraires, tortures, et carrément infection par la peste des quartiers pauvres dans la dernière partie).

Yuki est donc nettement plus en retrait dans cet épisode, observatrice impuissante de l’injustice dont la fureur monte progressivement pour redevenir le bras impitoyable de la vengeance qu’elle fut. Déjà dépassée et désuète face à cette modernité (elle sera de nombreuse fois mise à mal par les armes à feux déjà présentes au Japon) elle représente pourtant l’ultime rempart de la justice et de l’honneur du samouraï, vestige de l’ère Tokugawa. Le final rageur est un véritable exutoire voyant triompher une nouvelle fois le sabre de Yuki dans un combat long et douloureux. Tout comme dans le premier épisode, la victoire est cependant douloureuse et amère car ne résolvant pas tout. Dans le premier film, la vengeance laissait l’héroïne sans but et raison de vivre tandis qu’ici pour quelques ennemis vaincus le reste du Japon subit encore la folie de ce régime. L’épilogue nous signale pourtant la fin de l’ère Meiji imminente deux ans plus tard. Moins immédiat et efficace que le premier film, cette suite s’avère néanmoins passionnante et il est dommage que la série en soit restée à deux épisodes.

Sorti en bluray anglais chez Arrow avec le premier épisode et doté de sous-titres anglais

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