Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 29 août 2016

Risky Business - Paul Brickman (1983)

Joel Goodson (Tom Cruise) est un lycéen de Glencoe, banlieue cossue de Chicago. Ce fils unique traverse une période difficile : ses parents ne lui laissent guère de liberté tout en le couvant comme un gamin, il rêve d'intégrer la prestigieuse université de Princeton, mais ses notes sont moyennes et il est d'une timidité excessive avec les filles. Un jour, alors que les parents de Joel sont partis en vacances pour quelques jours, son ami Miles (Curtis Armstrong) le convainc d'appeler une call-girl dans une petite annonce pour sortir de sa coquille.

Risky Business est le film qui fera de Tom Cruise une star, mais également une œuvre emblématique de la mentalité 80’s. La thématique du coming of age typique du teen movie se voit quelque peu pervertie par l’ère reaganienne. Tom Cruise incarne un lycéen de banlieue WASP à l’avenir tout tracé subissant l’exigence et la sévérité de ses parents. Le réalisateur Paul Brickman développe ainsi une certaine dualité esthétique en la réalité studieuse de Joel et ses fantasmes. Le film s’ouvre sur une scène de rêve flottante et sensuelle suivi d’un moment plus terre à terre lors d’un partie de poker du héros et ses amis où cette retenue introvertie éclate tant dans le dialogue que la situation – les camarades fume cigare et ont leur bière à portée de main quand Joel reste sobre et n’est audacieux que dans le discours mythomane d’une coucherie à laquelle personne ne croit. 

Tom Cruise précédemment petite frappe dans le Outsiders (1983) de Francis Ford Coppola est tout aussi crédible en jeune homme timoré, paralysé par la pression imposé par son environnement. La liberté d’esprit et l’incertitude bienveillante de la jeunesse hédoniste des 70’s semble avoir déjà laissée place au carriérisme exacerbé des 80’s. Un dialogue entre le héros et ses amis quant à leurs perspectives ne laisse aucun doute, quand Joel encore naïf rêve avant tout de s’accomplir les autres ne cherchent qu’à s’enrichir. Le cheminement et la maturité du personnage se feront donc en assumant à son tour cette mentalité de gagnant.

Joel subit au départ les évènements. Le fantasme demeure coupable – avec une hilarante tentative de masturbation avortée - et la quête de volupté sera provoquée lorsqu’un ami commande une call girl pour lui. Le monde du fantasme s’introduit dans le réel le temps de l’apparition mémorable de Lana (Rebecca De Mornay) porté par les nappes de synthé de Tangerine Dream et accompagne les ébats de Joel enfin déniaisé. La relation entre Joel et Lana, romantique tout en étant intéressé poursuit l’ambiguïté du propos. Notre héros est forcé par la tournure des évènements à un déniaisement moral après celui physique, les péripéties comiques débouchant sur une « réussite » douteuse de proxénète en herbe pour Joel. L’exercice pratique de son option « entrepreneur » au lycée devient concret, démocratisant le dépucelage tarifé pour la jeunesse masculine en rut de ces quartiers nantis. Tom Cruise devient littéralement dans ce film ce VRP maître de la promo, lunette noires, petite veste et sourire toutes dents dehors dessinant l’ambitieux impitoyable. Paul Brickman sème le trouble entre romantisme et imagerie publicitaire dans les moments tendres, l’étreinte dans un wagon de métro entre Lana et Joel n’étant pas loin du cliché avec l’accompagnement du tube de Phil Collins In the air tonight.

Le propos du réalisateur était cependant plus sincère et désenchanté avec une conclusion initiale voulue comme plus mélancolique. Il ne sera pas entendu, le propos du film tout en se drapant d’une morale assez hypocrite où le retour dans le droit chemin de Joel ne signifie pas un repentir, mais une prémisse de ses réussites futures. L’assurance potache et feinte (la scène culte où il chante et danse en sous vêtement dans son appartement) laisse place au cynisme assuré. De la transformation de Joel, à la présence papier glacé de Lana (capable de moments de sincérité touchante lorsqu’elle met un terme aux questions moralisatrices du bien né Joel) tout tend vers une certaine superficialité, un détachement intéressé, celui de la seule réussite. Discutable mais remarquablement amené. 

 Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

 

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